Tout d’abord, tordons le cou à une idée qui court dans certains milieux. Le tube électronique ne s’impose pas immédiatement lorsque l’on parle d’amplificateur à haute fidélité. Il existe d’excellents amplificateurs conçus entièrement avec des transistors. Il existe aussi bien plus de mauvais amplificateurs à tubes que de bons.
L’intérêt du tube est sa sortie à haute impédance qui ne provoque pas de saturation brutale. Les inconvénients de ce composant sont sa fragilité, son chauffage, son fonctionnement sous haute tension et le fait que s’il est possible de faire voyager des électrons dans le vide poussé de l’ampoule, il est beaucoup plus difficile d’y faire transiter des trous. Contrairement au transistor, il n’existe pas deux variétés de tubes permettant de faire simplement des amplificateurs push-pull. Il faut toujours ajouter un étage dit déphaseur sauf à travailler en pure classe A. Pire, il faut presque toujours sortir sur un transformateur pour pouvoir brancher des haut-parleurs sur un amplificateur à tubes.
La sortie à haute impédance est très intéressante pour un amplificateur haute fidélité. Ce point surpasse de loin tous les inconvénients liés à l’utilisation de ce composant.
Jusqu’aux années 1960, personne ne se préoccupait des règles de chauffage des tubes. En dehors des fabricants allemands qui, pour des raisons de taxes, utilisaient des redresseurs rapides au sélénium, les autres utilisaient des alimentations classiques, redressées par des doubles diodes à vide ou à gaz, non régulées et vaguement filtrées. Aujourd’hui, trop souvent les amplificateurs même et surtout dits audiophiles, utilisent le même principe. Peut-être par nostalgie, sans doute par dogme, mais le résultat ne peut être que mauvais. D’une part, il faut assurer aux tubes des tensions parfaites de chauffage, et d’autre part, la bande passante d’une alimentation filtrée étant faible, les transitoires sont gommés.
Ainsi, neuf schémas d’amplificateurs sur dix qu’il nous a été donné d’analyser ne sont pas de la qualité d’un simple amplificateur du commerce à transistors à quelques dizaines d’euros. Et pourtant, ils sont vendus au prix de l’or.